Opinion : Le secteur des biocides au Royaume-Uni est-il en crise ?
En mars 2025, la Health and Safety Executive (HSE) devrait publier une mise à jour de la liste Article 95 du Royaume-Uni. Cette liste recense tous les fournisseurs soutenant l’approbation des substances biocides et leurs types de produits associés. La mise à jour pourrait entraîner la suppression de plus de 2 700 combinaisons de fournisseurs, substances et types de produits, réduisant considérablement la disponibilité des substances biocides sur le marché britannique. Une fois ces substances supprimées, elles ne pourront plus être utilisées, non seulement dans des produits biocides, mais aussi dans des articles traités (articles ne possédant pas de fonction biocide primaire, mais contenant des biocides pour d’autres raisons, comme des peintures à base d’eau).
Conséquences pour les produits biocides et les articles traités
Cette réduction intervient alors que la liste Article 95 avait initialement été reprise (copiée) de la version de l’UE en date du 31 décembre 2020. Cependant, depuis cette date, de nombreuses entreprises ont choisi de ne pas poursuivre leur statut d’approbation continue au Royaume-Uni. Ainsi, à mesure que les substances atteignent leurs échéances de réapprobation, beaucoup ne peuvent plus être proposées sur le marché britannique.
La principale raison de cet exode des biocides réside dans le coût d’accès au marché britannique, équivalent à celui du marché européen dans son ensemble. Cela pousse de nombreuses entreprises à abandonner les substances pour lesquelles le marché britannique seul ne serait pas rentable.
Impacts sur le marché et préoccupations de l’industrie
En conséquence, non seulement le nombre de substances disponibles au Royaume-Uni diminuera, mais les entreprises qui décideront de rester sur le marché pourront augmenter leurs prix, faute de concurrence. Cela pourrait également avoir des répercussions à plus long terme, car les nouvelles substances seront moins susceptibles d’être introduites sur le marché, et des résistances aux substances existantes pourraient se développer, comme c’est le cas avec les antibiotiques.
Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que ce que nous observons actuellement avec la législation BPR pourrait bien être reproduit avec l’exigence imminente d’enregistrement dans le cadre de UK REACH. Une fois encore, le coût d’entrée sur le marché britannique est actuellement équivalent à celui de l’accès au marché de l’ensemble de l’UE. En fin de compte, cela conduira à un accès significativement réduit aux substances pour le Royaume-Uni, une capacité d’innovation amoindrie lorsqu’il s’agira de créer de nouvelles substances, et à des coûts plus élevés pour les consommateurs et l’industrie concernant les substances ayant fait l’objet d’un enregistrement.
Actuellement, l’industrie, les organismes associés et même le gouvernement s’inquiètent des tendances observées. Cela a été particulièrement évident lors de la récente consultation sur REACH, où une proposition a été faite pour réduire de manière significative les coûts associés à l’enregistrement. Toutefois, comment résoudre ce problème sans réduire les niveaux élevés de protection exigés par un public de plus en plus sensibilisé aux dangers potentiels des produits chimiques reste une question ouverte. Il faudra probablement une initiative collective impliquant toutes les parties prenantes. Sans cela, le Royaume-Uni pourrait devenir un pays chimiquement moins diversifié, où seules les grandes entreprises capables de supporter les coûts pourraient rester compétitives.
En savoir plus sur les biocides et leurs mises à jour réglementaires dans l’UE ? Découvrez notre article sur les biocides, couvrant les initiatives de l’ECHA et leur impact sur la conformité et la sécurité.